Les nouveaux Cantadors
Humour et sagesse typiques du quartier Arnaud-Bernard, duels de tchatches accompagnés à la guitare
Que chantent les « Nouveaux Cantadors » ? : Ils sont 2 sur scène, avec des guitares nordestines (violas), et échangent des propos, des questions- réponses, des traits-ripostes (joutes) par leurs 2 voix alternées. Textes écrits pour la plupart, mais les cantadors étudient l’improvisation – et la pratiquent, encore timidement, dans deux ou trois morceaux – qui est un but à atteindre. A côté de ce répertoire de tençons (ou tençoons, ou encore tenço), ils chantent en fonction des occasions, quelques chansons de circonstance qui appartiennent au chansonnier du quartier Arnaud-Bernard (Toulouse), et que chantent d’autres groupes (Bombes 2 Bal, Fabulous Trobadors, Estéla dou Coqe, Chorale Civique, etc.).
Ça ne sort pas de nulle part : C’est en 1983 que Claude Sicre découvre, sur cassette de collectage prêtée par un ami brésilien, la musique populaire rurale du Nordeste brésilien : Forrò (le bal musette/trad), « emboladores » (chanteurs/improvisateurs s’accompagnant de tambourin) et « violeiros » (chanteurs/improvisateurs s’accompagnant à la guitare). Immédiat coup de foudre : tout ça tombe à pic pour irriguer la tradition occitane : langues qui se ressemblent, traditions communes (d’origine latine et catholique, souvent), mélodies souvent venues des mêmes sources. Mais, au Nordeste, les mélodies ont été influencées par les traditions africaines et indiennes, ainsi que les rythmes.Tout ce qui manque à la tradition occitane, classifiée, égalisée, uniformisée depuis longtemps. Le travail sur les emboladores, croisé avec celui sur la tençon (dispute) des trobadors occitans (qui, au Moyen-Age, rayonne dans toute l’Europe et donc aussi au Portugal et en Galice, qui exportèrent tout ça au Brésil, d’où les parentés), donnera le style qu’illustrent les Fabulous Trobadors. Le travail sur le forrò mettra plus de temps à germer ; il faut trouver des musiciens / chanteurs(ses) / danseuses(eurs) intéressés. Tentatives avortées dès 1985, puis en 1998, les Fouteuses de Ouaï, suivies de près (1999/2000) par les Bombes de Bal, où se marient musiques nordestines et occitanes, et les créations qui inventent un style propre. Restait, pour le projet général, à monter un groupe de « violeiros ». Pendant des années, tous les essais ont été vains : les chanteurs(ses)/guitaristes à la française contactés sont imperméables au style. Mais Escambiar ne renonce pas. C’est le propre frère de Claude, Patrick Sicre, qui s’y met et, au bout de trois ans, nous trouverons enfin des personnes intéressées : Marc et Jean-Pavel. Le groupe des Nouveaux Cantadors existe, qui, nous en sommes sûrs, fera des émules.
Répertoire et Style : Nous avons emprunté toutes les musiques à la tradition nordestine : tout d’abord parce que créer, dans ce domaine, demande des années d’écoute et de pratique, de respect et de compréhension de l’original, secundo parce que nous voulons garder un code commun pour les échanges avec les trovadores nordestins. Pour les paroles, les traductions n’ont pas d’intérêt, sauf exception. Il faut, au contraire, parler aux gens de notre pays, et cette forme de chanson, qu’on appelle tençon, et qui met en scène un dialogue (ou un défi) est propre à dire des choses spécifiques, non-dites dans d’autres formes.