Claude Sicre chante avec dix siècles dans la voix, il nous fait danser comme des paysans dans un conte, il écrit une poésie qui sème la fête.Voici quatre titres en prélude d’un l’album promis, qui mêlent la tournure médiévale et un proto-rap urbain, la galanterie des troubadours et l’anarchisme faubourien, la danse villageoise et le rythme créole. Imagé dans « Je me meurs de soif » chanson en duo avec Francis Cabrel. Le titre ASSAÏ, transpose dans la paix des joutes poétiques un texte de Martial, qui célébrait la vaillance de gladiateurs dans l’arène, sur une musique signée Al Tarba.
01 – Assaï: poème inspiré par celui de Martial ( poéte latin du premier siècle après JC ) consacré à un gladiateur. Le héros que décrit Claude est à la fois un artiste, gladiateur du verbe et de la musique, et un combattant de la liberté, dont l’arme est la joute poétique chantée.
02 – Je Me Meurs de Soif : le titre est le premier vers donné par Charles d’Orléans, au fameux Concours de Blois ( 1458), à tous les poètes français qui voulaient relever le défi de partir de là pour écrire un sonnet . Villon le relève avec sa Ballade des Contre-Vérités. Thème extrêmement célèbre deux siècles plus tôt chez les trobadors de langue d’òc, à commencer par Guilhem d’Aquitaine.
Claude Sicre relève ce défi en 2010 et le lance aujourd’hui à tous les chansonniers de France contemporains, dans tous les styles. Francis Cabrel, qui chante quelques vers dans la chanson de Claude, prépare la sienne.
03 – La Vie me parait si belle: Chansonge ( joli néologisme sicrien, avec un clin d’oeil à l’anglais ) d’un jeune homme toujours content au milieu de toutes ses mésaventures. Portrait-robot d’un « ravi » de la crèche, ou d’un sage. La critique musicale avisée saura voir que ce garçon est le même que celui qui chante Si le Bien, qui se meurt de soif auprès de le fontaine ou qui se nomme ailleurs Assaï. Même philosophie, même souffle musical venu de lointaines traditions actualisées dans les repas-de-hameaux du Rouergue.
04 – Si le Bien était le Mal (Ballade d’un condamné à mort) : refrain inspiré par une chanson du trobador provençal Cadenet, pseudonyme de Elias Raimond Bérenger ( 1160-1240 ), avec des couplets originaux qui, pour être moins chrétiens, n’en sont pas pour autant plus modernes. Le sous-titre de la chanson, Ballade d’un condamné à mort – des condamnés, car ses collègues chantent avec lui – évoquent Villon ( et Brassens ) tout autant que Hugo, mais le traitement est tout autre.